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Fiche d'élevage Eublepharis macularius - Gecko léopard

Catégories : Eublepharis macularius , Fiches d'élevage , Fiches lézards
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Eublepharis macularius (BLYTH, 1854), nom vernaculaire gecko léopard, fait partie de la famille des Eublepharidae, une des cinq familles de l'infra-ordre des Gekkota. Le nom scientifique vient du grec eu = bien, vrai et blépharis = cils, paupière. Ce qui caractérise cette famille par rapport aux quatre autres (Gekkonidae, Pygopodidae, Diplodactylidae et Carphodactylidae) est la présence de paupières flexibles -considérées comme un caractère ancestral- et l'absence de lamelles sub-digitales adhésives qui, chez les Gekkonidae, permettent aux lézards de grimper sur les surfaces verticales.

L'aire de répartition du gecko léopard s'étend de l'Afghanistan oriental (au sud de la chaîne montagneuse Hindou Kouch) au Pakistan (de la Province de la Frontière de Nord-Ouest jusqu'au sud) et à l'Inde nord occidentale (du Rajasthan jusqu'au district de Dhule). D'après certains auteurs, deux spécimens auraient été trouvé en Iran également, à la frontière avec l'Afghanistan (Khorasan oriental).

Le gecko léopard est un lézard parmi les plus populaires et répandus en terrarium. Son maintien en captivité est très facile car il s’agit d’un animal adaptable et très peu exigent. Il est élevé depuis plusieurs dizaines d’années en captivité et l’on trouve désormais de nombreuses mutations d’élevage (morphes ou phases).
 
 
AMÉNAGEMENT DU TERRARIUM
 
Eublepharis macularius est un lézard déserticole. Son terrarium sera donc caractérisé par un biotope sec. Les dimensions seront relativement peu importantes, par exemple 60 x 50 x 40 cm pour un couple ou un trio. En raison des mœurs terrestres du gecko léopard, la largeur sera privilégiée par rapport à la hauteur.

La cohabitation entre deux mâles est à exclure car ce lézard est très territorial. En revanche, un mâle et plusieurs femelles (selon la taille du terrarium) est une option envisageable, les femelles n'étant pas agressives entre elles. Naturellement, les animaux devront avoir une taille similaire.

Dans le choix de l’éclairage et du chauffage (deux facteurs souvent liés étant donné que les sources lumineuses sont souvent une source de chaleur), il faut tenir compte des mœurs nocturnes du gecko léopard et du rôle joué par la chaleur dans la croissance et la reproduction de cette espèce.
La période d’activité di gecko léopard se situe essentiellement la nuit : en captivité, il fuit la lumière trop intense, en particulier les individus albinos sont si gênés qu’ils ferment leurs yeux. L’éclairage aura essentiellement la fonction de marquer l’alternance jour/nuit et les variations saisonnières dans la durée du jour. Pour cela, la lumière naturelle de la pièce d’élevage peut suffire. Le tube néon UVA-UVB non seulement n’est pas nécessaire pour le bien être et la santé de cette espèce (la supplémentation en vitamine D3 étant suffisante à la correcte absorption du calcium) mais il peut déranger les animaux, notamment les individus albinos, au point qu'ils refusent de s'alimenter. Il est donc conseillé de ne pas l'utiliser. Possédant des moeurs nocturnes les geckos léopards ne sont pas adaptés pour y résister. 
En ce qui concerne la chaleur, une alternance jour/nuit de la température ambiante est nécessaire pour une croissance correcte du gecko léopard. Malgré leur rythme d’activité nocturne, ces sauriens requièrent une source de chaleur diurne pour une croissance et un métabolisme optimaux, comme c’est le cas pour les lézards diurnes. 
Il est ainsi nécessaire de maintenir en terrarium un gradient thermique qui permet aux animaux de choisir et de réguler leur température corporelle pendant la journée sur des valeurs optimales (la valeur moyenne de l’optimum thermique se situe autour de 30 °C). 
Pour ce faire, il est préférable d’utiliser un tapis chauffant qui couvrira un tiers du terrarium pour gecko et qui sera relié à un thermostat réglé sur 32 °C. La sonde du thermostat devra être placée du côté chaud du terrarium. Du côté frais, la température variera entre 25 et 28 °C. La nuit, ce tapis chauffant sera éteint et la température descendra à des valeurs allant de 15 à 25 °C, selon la saison. Le câble chauffant peut remplir la même fonction à condition d’être installé sous le terrarium. Vice-versa, placé sous le substrat, il pourra être facilement déterré par les animaux qui risquent ainsi de se brûler à son contact et/ou de le détériorer. 
Si je préconise une source de chaleur qui vient du sol c’est parce qu’elle est plus naturelle pour des lézards nocturnes, qui absorbent par conduction la chaleur accumulée dans le substrat et/ou les rochers. De ce point de vue, les spots à incandescence, les ampoules infrarouges ou les lampes céramique sont, à mon avis, moins adaptés. Cependant, les lampes infrarouges, reliées à un thermostat, peuvent être envisagées. Dans ce cas, il est toutefois nécessaire de s’assurer que les animaux ne puissent pas s’y approcher au point de se brûler. En revanche, je déconseille, d’une part, les spots à incandescence (ou halogène) qui dégagent une luminosité trop importante dans l’environnement du gecko léopard ; d’autre part, les lampes céramique qui réchauffent de manière trop uniforme, ce qui rend difficile d’établir un gradient thermique.

La litière que j'utilise est le Litaspen®, des minuscules copeaux de bois qui ne sont pas coupants.  En revanche, je déconseille le sable étant donné que les geckos léopard ont la tendance à l'ingérer intentionnellement. Dans le système digestif de l'animal il peut ensuite s'agréger et former ainsi une concrétion difficile à expulser. Mis à part le cas de ce matériau particulier, des problèmes d'occlusion intestinale peuvent apparaître quand les animaux en état d'hypocalcémie essayent de compenser leur carence en calcium en ingérant une grande quantité de substrat. Pour cette raison, il faut impérativement placer dans le terrarium des geckos léopard une coupelle contenant du carbonate de calcium que les lézards lècheront pour garder leur équilibre minérale. Le peu de substrat ingéré accidentellement avec les proies sera aisément éliminé avec les selles s'il s'agit du Litaspen premium.

Le décor minimal pour aménager le terrarium des geckos léopard sera constitué d'une ou plusieurs cachettes (écorces de chêne-liège, demi-tuyaux en PVC…). De plus, il est nécessaire d'installer également, au côté frais du terrarium, une "boite humide", c'est-à-dire une boite de 30 x 15 x 20 cm environ, remplie à moitié de sable tourbe ou fibre de coco humide (mais pas détrempée), fermée par un couvercle et avec une ouverture suffisante pour permettre aux animaux d'entrer. Cette "boite humide" est très importante pour favoriser la mue ; par ailleurs, c'est dans cet emplacement que la femelle pond. Il est préférable de placer l'ouverture sur le couvercle de la boite afin d'éviter soit que les lézards en extraient le contenu en le mélangeant ainsi aux copeaux, soit qu'inversement ils ramènent la litière dans la boite, en asséchant le substrat. C'est le cas notamment des femelles après la ponte. Pour le reste, il est préférable de ne pas trop charger le décor pour éviter de fournir des cachettes aux grillons et autres proies qui, s'ils ne sont pas consommés, pourraient ensuite blesser les lézards.
Une coupelle d'eau est également indispensable et elle devra être nettoyée quotidiennement.
Les excréments sont, en général, déposés toujours au même endroit, dans un coin du terrarium ou en hauteur, sur la "boite humide". Ils devront être enlevés tous les jours, en particulier parce que les grillons s'en nourrissent et peuvent ainsi devenir vecteurs de parasitoses (coccidioses…).
 
 
ALIMENTATION DES GECKOS LÉOPARD
 
Eublepharis macularius est un lézard insectivore qui, en milieu naturel mange une grande variété d'invertébrés. En captivité il est souhaitable, à mon avis, d'essayer de varier au maximum l'alimentation. Pour ma part, je nourris les jeunes et les adultes avec grillons (Acheta domesticaGryllus bimaculatusGryllus assimilis), blattes (Blaptica dubiaBlaberus atroposNauphoeta cinerea), criquets (Locusta migratoriaShistocerca gregaria), larves de Tenebrio molitor (vers de farine), larves de la teigne de ruche (Galleria mellonella ou Achroia grisella)… Toute ces proies peuvent être proposées aux geckos léopard mais en tant que partie d'un tout varié et équilibré. Ceci est particulièrement recommandé pour les teignes de ruche et les vers de farine.
Les proies seront correctement nourries avec, par exemple, des carottes, patates douces, choux, oranges, pommes…, afin d'apporter aux lézards une nourriture équilibrée. En milieu naturel, les geckos léopard chassent des proies qui se sont nourries de végétaux. Ainsi, ces végétaux sont une source naturelle de provitamine A (carotène) pour ces animaux insectivores.
Une petite coupelle avec du carbonate de calcium sera toujours présente dans le terrarium, les geckos léopard lèchent cette poudre assez régulièrement.
 
 
REPRODUCTION
 
Chez Eublepharis macularius en captivité la maturité sexuelle peut intervenir, au plus tôt, à l'âge de cinq mois chez les mâles et de huit mois chez les femelles. Il est toutefois préférable d'attendre que les femelles aient atteint un poids de 45 g et une taille de 12 cm de longueur museau-cloaque (21 cm de longueur totale) avant de les faire reproduire. En effet, des femelles reproduites trop jeunes risquent des retards de croissance, des retentions d'œufs, ainsi que les effets néfastes de l'hypocalcémie. Par ailleurs, affaiblies par les pontes, elles peuvent également déclarer des infections bactériennes ou des infestations parasitaires.
Pour déclencher les accouplements et les pontes une période de latence hivernale est souhaitable. En ce qui me concerne, je commence à modifier la photopériode à partir du mois de septembre (quand elle est de 14 heures), en diminuant la durée du jour d'une demi-heure par semaine jusqu'à atteindre 8 heures de lumière à la fin novembre. Début décembre, dans le terrarium destiné à des adultes des geckos léopard la lampe et le tube fluorescent sont éteints et les animaux entrent dans une phase de repos pendant laquelle ils restent tout le temps dans leur cachette. Il faut préciser que quinze jours avant l'extinction du chauffage (spot etc.), il est nécessaire d'arrêter d'alimenter les animaux, afin qu'ils commencent l'hivernage avec les intestins presque vides. Les températures varient (environ) entre 18 et 22 °C le jour et entre 12 et 16 °C la nuit. En revanche, pendant cette période d'hivernage, les juvéniles continuent à être chauffés et à s'alimenter trois fois par semaine environ. Début janvier, la lampe et le tube fluorescent seront de nouveau allumés chez les adultes et la durée du jour augmentera d'une demi heure par semaine jusqu'à la mi-février (il y aura alors 11h30 de lumière par jour) ; ensuite, on ajoutera encore une demi heure au début mars (12h), à la mi-mars (12h30), au début du mois de mai (13h), à la mi-juillet (13h30) et finalement au début août (14h).
Généralement, un mois après la fin de l'hivernage je commence à observer les premiers accouplements tandis que les premières pontes suivent trois à quatre semaines plus tard. D'après mes observations, une femelle peut pondre jusqu'à 6 fois par saison. Chaque ponte est constituée de 2 œufs, parfois un seul. On peut reconnaître une femelle gravide en regardant son ventre : les deux œufs, assez grands, sont visibles en tant que masses blanchâtres des deux côtés de la face ventrale. Les œufs sont pondus dans un trou creusé par la femelle dans la "boite humide", et aussitôt recouvert. Pendant les jours qui suivent, la femelle souvent continue de creuser partout dans le terrarium en essayant de ramener la litière à l'intérieur de la boite de ponte. Il est ainsi assez facile de voir, au premier coup d'œil, si elle a pondu.
Les œufs sont prélevés et enterrés dans une boite remplie au ¾ d'un substrat humide. Personnellement, j'utilise la tourbe blonde ou les fibres de coco. La boite d'incubation ne possède pas d'aération, ainsi je n'ai pas besoin de ré-humidifier le substrat en cours d'incubation. Le renouvellement de l'air s'opère quand j'ouvre de temps en temps le couvercle pour vérifier l'état des œufs et enlever ceux qui ne sont pas fécondés. La boite d'incubation n'est pas placée dans un incubateur mais simplement installée sur une étagère, dans ma pièce d'élevage. Les températures d'incubation varient ainsi de 23 °C au plus froid de la saison, la nuit, jusqu'à 31 °C en pleine été, le jour. Naturellement, le fait que les œufs soient enterrés est indispensable, cela permet de garder une hygrométrie correcte autour des œufs et d'éviter également les dégâts causés par les gouttes d'eau qui tombent du couvercle. A la naissance, les jeunes n'ont aucune difficulté à trouver la voie de sortie…. D'ailleurs, ce procédé est très proche de l'incubation en milieu naturel. Si, en revanche, on souhaite influer sur le sexe des nouveau-nés, il est nécessaire de placer la boite d'incubation dans un incubateur où les températures sont définies et contrôlées par l'éleveur.

En effet, le sexe d'Eublepharis macularius n'est pas déterminé génétiquement mais il dépend de la température d'incubation des œufs pendant une période de développement embryonnaire dite "thermosensible". Ce phénomène est appelé TSD (Temperature-dependent Sexe Determination). Chez les sauriens qui sont soumis à ce phénomène, la période "thermosensible" du développement embryonnaire se situe approximativement dans le deuxième quart de la durée d'incubation. Au cours de cette période, c'est la température qui conditionne la différenciation des gonades en ovaires ou testicules. D'une manière générale, l'incubation des œufs à 26 °C produit des nouveau-nés tous femelles ; à 30 °C on a une sex-ratio déviée en faveur des femelles (environ 70% de femelles) ; à 32,5 °C on a une sex-ratio déviée en faveur des mâles (environ 75 % de mâles) ; à 34 °C on a une grande majorité de femelles (93%), ainsi qu'à 35 °C (96%). Le plus grand pourcentage de mâles est produit à 32 °C (90 %). Les températures pivot (50% mâles/50% femelles) sont établies à 30,5 °C (inférieure) et 33,5 °C (supérieure). Donc, en résumé, les températures d'incubation inférieures et supérieures aux températures pivot produisent une majorité ou 100% de femelles tandis que celles entre les deux températures pivot produisent une majorité de mâles. Ces valeurs de température doivent cependant être appréciées à titre indicatif. En effet, si les œufs d'une femelle génitrice produisent des femelles à une température d'incubation donnée, les œufs d'une autre femelle génitrice incubés à cette même température peuvent produire des mâles. Par ailleurs, les températures pivot peuvent changer d'une femelle à l'autre.
Les œufs éclosent après 45 à 60 jours environ, selon la température d'incubation.
 
 
ELEVAGE DES JEUNES
 
A la naissance, les jeunes sont placés par groupes de dix dans des boites en plastique 50 X 30 cm, sans couvercle pour garantir une bonne aération. Au fur et à mesure que les jeunes grandissent, leur nombre dans chaque boite diminuera. Chaque boite est équipée d'une gamelle d'eau, une coupelle contenant du carbonate de calcium, une cachette et une boite humide, comme chez les adultes. Le premier mois ils sont maintenus sans substrat ; ensuite j’aménage les boites avec le Litaspen®. Ces boites d'élevage sont placées dans une pièce où les températures varient entre 25 et 35 °C. Les juvéniles sont nourris tous les jours à volonté avec des insectes de taille adaptée, grillons, blattes et, parfois, vers de farine.

Afin de préserver la vie sauvage, l'animal dont vous venez de faire l'acquisition ne doit pas être relâché dans le milieu naturel

© Cette fiche d'élevage est protégée par des droits d'auteur. Toute reproduction, même partielle, est interdite.

 
 
Pour en savoir plus :
ANTONINI O., 2007. Le gecko léopard. Partie I : description et comportement en milieu naturel. . Reptil Mag, 28: 22-27.
ANTONINI O., 2007. Le gecko léopard. Partie II : élevage et reproduction. Reptil Mag, 29: 24-29.
ANTONINI O., 2007. Le gecko léopard. Partie III : éléments de génétique. Reptil Mag, 30: 20-24.
ANTONINI O., 2008. Le gecko léopard. Partie IV : éléments de biologie de l'albinisme. Reptil Mag, 31: 18-24.
ANTONINI O., 2008. Le gecko léopard. Partie V : les morphes. Reptil Mag, 32: 18-23.
ANTONINI O., 2009. Le gecko léopard - Eublepharis macularius. Animalia Editions. 136p.
DE VOSJOLI P., TREMPER R., 2005. The Herpetoculture of Leopard Geckos. Advanced Visions. 259p.
DUSCHA D., 2006. The leopard gecko Eublepharis macularius. Reptilia n° 45 : 12-21.
GERARD P., 1997. L’élevage du gecko léopard. Philippe Gérard Editions. 66p.
HAMPER R., 2004. The leopard gecko in captivity. ECO Herpetological Publishing & Distribution. 105p.
HENKEL F. W., KÖTHIG M., SCHMIDT W., 2004. Les Geckos Léopard. Matthias Schmidt Publications. 79p.
HENKEL F. W., SCHMIDT W., 1995. Geckoes. Biology, Husbandry and Reproduction. Krieger Publishing Company. 237p.
HUNZIKER R., 1994. Le leopard geckos. Identification, Care & Breeding. TFH. 63p.
PIEAU C., 1996. Le point sur le déterminisme du sexe en fonction de la température chez les reptiles. Bull. Soc. Herp. Fr., 77 : 11-21.
SCHILLIGER L, 2004. La sex-ratio thermodépendant, comment ça marche?- Repil-Mag n°15 : 44-45. 
SCHILLIGER L., 2004. Guide pratique des maladies des reptiles en captivité. Editions MED'COM : 224 p.
VIETS B. E., TOUSIGNANT A., EWERT M. A., NELSON C. E., CREWS D., 1993. Temperature dependent sex determination in the leopard gecko, Eublepharis macularius. Journ. Experim. Zool. 265(6) : 679-683.

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